L’impératif de transformation des banques en 3 leçons. L’open banking comme solution.
Chloé Chaufard | 23.12.2019
model. Dans cet article, nous allons revenir sur 3 faits qui nous font prendre conscience du bouleversement que connaît l’économie actuelle et l’opportunité que représente l’Open Banking pour les banques.
Leçon 1 : Transformer son business model ou disparaître
La faillite de Thomas Cook
L’acteur historique du voyage Thomas Cook a déposé le bilan alors que les marchés du transport aérien et du tourisme se développent à grande vitesse. Comment expliquer la faillite d’un acteur qui évolue dans un marché porteur ?
Thomas Cook n’a pas su comprendre le changement dans les attentes des consommateurs qui aspirent à davantage de flexibilité et de personnalisation dans les offres. Désireux de conserver l’intégralité de la chaîne de réservation de voyage, le voyagiste centenaire n’a pas vu la nécessité de repenser son modèle économique. Thomas Cook utilisait les services d’Amadeus premier fournisseur mondial de solutions technologiques et de distribution pour l’industrie du voyage et du tourisme. Avec l’ouverture d’internet et notamment les API, Amadeus a permis à de nouveaux acteurs d’avoir accès au contenu de voyages et aux services.
Résultat ? les comparateurs de prix tels que Kayak et Skyscanner ont émergé et l’industrie du voyage s’est transformée. Depuis, le chiffre d’affaires de Thomas Cook n’a cessé de baisser au profit de ses concurrents. Amadeus a, quant à lui, adopté une stratégie de diversification, de l’exploitation d’aéroport aux assurances, et d’ouverture technologique pour faire avancer l’industrie du tourisme. Profitant du boom des voyages, Amadeus a connu une augmentation record de ses bénéfices de 21,6 % en 2017 et une nouvelle augmentation de 14,4 % au 1er semestre 2019.
La déconnexion de Thomas Cook des attentes des clients et son attachement à un business model vieillissant l’a conduit à la faillite.
Certaines grandes banques bien installées peuvent se retrouver dans une situation similaire à celle de Thomas Cook. Elles doivent repenser globalement leur modèle économique pour mieux servir leur client et faire face à la concurrence des Fintech et des Big Tech (géants de la technologie comme Google, Amazon, Facebook, Uber, etc..).
La transformation vers un business model plus ouvert – dit Open Banking- à la manière d’un Amadeus est une des pistes les plus prometteuses.
L’Open Banking permet aux banques de développer de nouveaux services en nouant des partenariats et de se recentrer sur les parties de la chaîne de valeur les plus stratégiques.
Leçon n°2 : La promesse technologique plus forte que l’institution
L’exemple de la valorisation de la fintech Stripe
La valorisation de la fintech Stripe, solution de traitement des paiements en ligne pour les entreprises de e-commerce grâce à une suite d’interfaces API, a dépassé celle de la Société Générale avec un montant de 35 milliards de dollar (contre 19,8 milliards). Une banque technologique et ouverte est davantage valorisée par les investisseurs qu’une banque traditionnelle, avec du foncier et des ressources humaines.
Il ne s’agit pas là d’un cas isolé. Alors que les annonces de suppressions de postes au sein des banques se succèdent (Deutsche Bank, Société Générale, HSBC), le chiffre d’affaires de certaines fintechs est en constante augmentation. Transfer Wise par exemple enregistre en 2018 un chiffre d’affaires de 118 millions de livres (environ 134 millions d’euros), en hausse de 77% par rapport à l’année précédente. Les investisseurs se tournent donc naturellement vers ces acteurs.
Mais l’innovation, le digital et les API ne sont pas réservés aux seules fintechs. Certaines grandes banques ont vu les API comme une opportunité et ont gagné du chiffre d’affaires et des clients. BBVA en est la preuve car en orientant sa stratégie pour devenir une entreprise totalement numérique, elle a gagné 33 % de clients supplémentaires et 18 % de moins de taux d’attrition depuis 2015. JP Morgan, et sa stratégie API, affiche les mêmes résultats avec une croissance de 4,7% de son chiffre d’affaires en 2018.
Les bénéfices de la digitalisation et l’API-fication des banques ne sont plus à prouver, les banques doivent saisir l’opportunité pour rester compétitif sur le marché.
Leçon n°3 : L’open banking ne doit pas être abordé de façon défensive.
L’exemple de la DSP2
En Europe, l’open banking est tiré par la Directive sur les Services de Paiement (DSP2) qui a pour objectif de favoriser l’innovation et la concurrence tout en améliorant la protection des consommateurs. Avec la DSP2, les banques doivent permettre à leurs clients, avec leur accord, de partager leurs données bancaires avec des fournisseurs tiers autorisés offrant des services supplémentaires. L’utilisation d’interfaces de programmation d’applications (API) permettent aux fournisseurs tiers (type fintechs) d’accéder aux systèmes bancaires et aux bases de données des clients de façon sécuritaire.
Prévu le 14 septembre 2019, la mise en application de la DSP2 a été retardée et s’étalera jusqu’à fin 2020 ou début 2021. Pourquoi ce délai ? Les banques ne sont pas prêtes. 75% des API des banques européennes sont disponibles mais seulement 18% sont opérationnelles. En France,80% d’API sont disponibles mais seules 10% d’API opérationnelles. Il reste encore un effort significatif à faire pour être prêt puisque seulement 20% sont partiellement fonctionnelles et 50% sont encore en production. Manque de temps, manque d’explications de la part du régulateur, voici les raisons invoquées par les banques mais les retards en termes d’infrastructure sont également en cause.
La législation ne doit pas être le moteur du changement. Le régulateur attend d’observer de nouveaux usages pour les encadrer et formaliser des directives claires. Dans le cadre de l’Open Banking, aucun leader ne s’est détaché pour être traité comme exemple. Les banques doivent alors prendre les devants pour pousser la sortie d’une réglementation claire et démontrer l’impact positif de cette nouvelle orientation stratégique.
Les acteurs bancaires doivent aborder l’open banking comme une opportunité pour répondre aux attentes clients et non le voir comme une contrainte réglementaire.
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